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Ni absence de l’Etat, ni fait isolé : #Ayotzinapa relève du terrorisme d’Etat

samedi 25 octobre 2014, par Comité Cerezo México

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L’attaque, l’exécution extrajudiciaire, les disparitions forcées contre les jeunes étudiants normalistes d’Ayotzinapa à Iguala, ne sont pas le résultat de l’absence d’Etat, ni un fait isolé, ni le produit de mauvais fonctionnaires, encore moins de l’infiltration du narcotrafic dans les structures de l’Etat, c’est plutôt le résultat de la politique systématique de violation des Droits Humains contre tou.t.es les Mexicain.es, et un signe infaillible de la stratégie de répression dirigée contre le mouvement social organisé, qui se concrétise sous forme de terrorisme d’Etat.

Cette affirmation est démontrée par la sentence de l’audience thématique de l’axe de « Guerre Sale en tant que violence ; impunité et manque d’accès à la justice » du Tribunal Permanent des Peuples, Chapitre Mexique, qui s’est déroulée à Santa Fe de la Laguna, dans l’Etat du Michoacan.

Les juges internationaux ont condamné l’Etat mexicain pour sa participation directe et indirecte, par action et omission, dans la commission de crimes de lèse-humanité : assassinats, prison, tortures et autres traitements cruels, inhumains ou dégradants, persécution de groupes ou collectivités à l’identité propre, basée sur des motifs politiques, disparitions forcées de personnes et attaques contre défenseures de Droits Humains. Les juges ont également condamné l’Etat mexicain pour la répression contre les mouvements sociaux au Mexique et la criminalisation de la lutte sociale, au préjudice de la liberté d’expression, de manifestation, d’association et de réunion.

Les lauréates du Prix Nobel de la Paix, dans le cadre de cette audience thématique, ont appelé les gouvernements mexicain, d’Amérique centrale et la communauté internationale à mettre fin à la « guerre contre les drogues » qui, comme ils l’ont signalé, a eu pour conséquence une souffrance humaine de grande échelle : « Au lieu de contrôler l’augmentation des drogues, les politiques actuelles ont eu pour conséquence une augmentation de la corruption des autorités publiques et une culture d’impunité pour les crimes comme les disparitions forcées ».

Face aux faits inhumains qui se sont produits à Iguala, l’Organisation des Nations Unies a uni sa voix à la condamnation internationale et a déclaré que ces faits « se situent parmi les pires de l’époque actuelle et nous pousse à émettre un appel humanitaire à ceux qui ont entre leurs mains les personnes disparues, afin qu’ils respectent l’intégrité et la vie de ces jeunes, les libèrent immédiatement ou, le cas échéant, indiquent où ils se trouvent ».

La Commission Interaméricaine des Droits Humains a émis les mesures de protection 409-14 appelant à l’Etat mexicain à déterminer la situation et le lieu des 43 étudiants identifiés, dans le but de protéger leur droit à la vie et à l’intégrité personnelle.

Il est nécessaire de souligner qu’il ne s’agit pas là de la première fois que les étudiants de l’Ecole Normale Raul Isidro Burgos sont victimes de graves violations des Droits Humains de la part de l’Etat mexicains, en effet nous nous souvenons que le 12 Décembre 2011, deux de ses membres ont été exécutés de manière extrajudiciaire par des policiers de l’Etat de Guerrero lors d’une manifestation, fait qui est resté dans l’impunité ; la Fédération Mexicaine d’Etudiants Paysans Socialistes du Mexique (FECSM selon ses sigles en espagnol), à laquelle ils appartiennent, a été durant de longues années victime de campagnes de stigmatisation de criminalisation, d’arrestations arbitraires et de torture qui ont généré un climat d’impunité propre à la répression.

Dans le cas présent, nous avons affaire à un cas de disparition forcée, car les étudiants normalistes ont été détenus par des agents de l’Etat qui ont ensuite nié ces faits et maintiennent secret le lieu de la détention.

Ce sont des exécutions extrajudiciaires étant donné que des agents de l’Etat ou lié à celui-ci, commettent une privation illégale de la vie ; de ce fait elles se définissent comme un « homicide crapuleux perpétré ou consenti par des personnes dont l’action illégitime s’appuie, de manière médiate ou immédiate, sur les attributions de l’Etat ».

Face à ce qui vient d’être d’exposé, le Comité Cerezo exige à l’Etat mexicain :

Respecter son obligation de respecter le droit à la vie des personnes défenseuses de droits humains ou intégrants de mouvements sociaux et politiques dans le pays ;

Garantir les droits humains à la mémoire, la vérité et la justice ; c’est-à-dire, rendre publique l’identité des auteurs matériels et intellectuels, juger ces derniers, et établir des mécanismes de réparation intégrale des méfaits, qui incluent démonter les structures qui ont rendu possibles les crimes de lèse-humanité commis contre les étudiants normalistes de l’Ecole Normale Raul Isidro Burgos » d’Ayotzinapa, Guerrero.

Comité Cerezo Mexique
Prix Nobel de la Paix d’Aquisgran 2012 (Aachener Friedenspreis)
« Parce qu’être défenseur des droits humains n’est pas synonyme de terroriste »


Voir en ligne : INTAL AMERIQUE LATINE se joint à cet appel pour que justice soit faite.

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